Le cygne noir

⛰ De quoi parle ce livre ?

Notre monde est soumis à des évènements imprévisibles et à très fort impact qu’on appelle les cygnes noirs. Les biais cognitifs humains ainsi que les méthodes statistiques connues font que nous avons beaucoup de mal à prendre conscience de ces phénomènes, ce qui diminue drastiquement le contrôle que nous avons sur nos vies. Nassim Nicholas Taleb nous présente ces phénomènes et nous explique comment interagir au mieux avec eux.

🔍 Comment j’ai découvert ce livre ?

J’avais entendu parlé de Nassim Nicholas Taleb pour son livre “Antifragile” via le Morning Note Show de Gianni Bergandi. Ce n’est qu’à la suite de la recommandation de la lecture par Eliott Meunier que j’ai passé le pas et me suis intéressé à cet auteur.

🧠 Pensées personnelles

Le cygne noir est un concept tout nouveau pour moi. Je découvre peu à peu des théories comme celles-ci s’appliquant à beaucoup de domaines différents de la vie et cela permet de prendre un certain recul sur le monde. Intéressant.

🥰 Qui aimera ce livre ?

Les personnes qui ont l’impression que chaque chose dans le monde est aujourd’hui prédictible ou suit des lois préétablies seront sûrement surprises à la lecture de ce livre. Ce livre n’est pas un incontournable, mais il peut apporter un regard sur le monde différents, il élargit notre esprit.

🚀 Le livre en 5 phrases

  1. Un cygne noir est inattendu, a de l’impact et est prédit de manière rétrospective
  2. Notre monde de plus en plus connecté tend de plus en plus vers l’extrémistan et donc est de plus en plus soumis au cygne noir.
  3.  Les métiers scalables font partie de l’extrémistan, les métiers non scalables font partie du médiocristan
  4. Notre cécité face aux cygnes noirs est liée à des biais cognitifs liés à notre génétique.
  5. Nos méthodes statistiques actuelles ne tiennent pas compte des cygnes noirs. Pourtant ce sont les cygnes noirs qui ont le plus d’impact sur le monde par effet cumulatif

🎨 Impressions

Un livre qui contient d’excellentes idées très élégamment articulées entre elles. En revanche la forme est lourde. L’auteur a saupoudré l’intégralité de son livre d’exemples qui alourdissent son propos et la compréhension de sa théorie. Même si l’humour qu’il y met est très plaisant, je trouve que le plan n’est pas assez clair et concis et qu’il nous perds facilement en digression. Il est impossible de terminer la lecture de ce livre avec les idées claires sans avoir fait l’effort de réaliser une fiche de lecture ou d’en consulter une.

☘️ Comment le livre m’a changé

Il se pourrait que ce livre modifie ma façon de gérer mes finances et mes opportunités dans la vie.

✍️ Mes meilleures citations

  • Un modèle n’est représentatif de la situation que jusqu’à ce qu’une erreur soit découverte.
  • En pratique le hasard, ce sont des informations fondamentalement incomplètes, une non-connaissance.

📒 Résumés et notes

La définition du cygne noir

L’auteur utilise la métaphore du cygne noir pour illustrer un certain évènement imprévisible qui a une faible probabilité de se dérouler (appelé « évènement rare » en théorie des probabilités) et qui, s’il se réalise, aura des conséquences d’une portée considérable et exceptionnelle.

Cette définition s’applique à la première observation d’un cygne noir. Avant cette observation, tout le monde pensait que tous les cygnes étaient blancs. La survenue de ce cygne noir a bouleversé les mentalités de manière inattendue bien que cette possibilité était prédictible avec du recul.

Un cygne noir possède 3 caractéristiques :

  1. Est inattendu
  2. A de l’impact
  3. Peut être prédit de manière rétrospective

Le monde d’aujourd’hui favorise les cygnes noirs, car les flux sont très rapides et donc des boucles de rétroaction s’engagent extrêmement rapidement. L’inattendu se produit donc très vite. Or notre cerveau n’est pas fait pour discerner ce genre de réaction complexe et rapide. Plus nous sommes connectés et plus nous faisons face à des cygnes noirs. Il n’y a qu’à regarder dans votre vie personnelle, toutes les choses qui sont arrivées d’importantes étaient, pour la plupart des cas, inattendues.

Les héros silencieux

Une notion relative au cygne noir est le héros silencieux. Ce sont les héros qui restent inconnus, car les mesures qu’ils ont mises en place pour éviter un désastre, lié à un cygne noir, ne sont jamais reconnues, car grâce à ces mesures, le cygne noir ne survient jamais. De ce fait les mesures de ces gens paraissent inutiles bien qu’elles aient protégé un grand nombre de personnes de désastres. Ces héros silencieux meurent donc sans reconnaissance et en pensant n’avoir jamais rien fait d’utile.
Par exemple : Si un magistrat avait fait passer une loi obligeant les avions à avoir une porte de cockpit blindé (ce qui est le cas maintenant), l’attentat du 11 septembre n’aurait jamais eu lieu. Mais ce magistrat n’aurait jamais brillé et aurait même été très critiqué pour avoir imposé des frais inutiles aux compagnies aériennes.

Pour lutter contre les cygnes noirs, le mieux la prévention, mais nous avons tendance à ne jamais la féliciter.

Notre façon d’évaluer les phénomènes

Il y a deux façons d’évaluer des phénomènes :

  • En excluant les aberrations et en se concentrant sur l’ordinaire
  • En étudiant d’abord les extrêmes et donc on exclut plus ou moins l’ordinaire

Avec la seconde méthode, on inclut les cygnes noirs. Ce qui est ordinaire est rarement déterminant alors que les cygnes noirs ont un effet cumulatif énorme. De ce fait, toutes les études qui étudient le comportement normal des choses avec des courbes en cloche en disant qu’on a réussi à dompter l’incertitude sont fausses. C’est l’étude des aberrations, des évènements qui sont ponctuels et inattendus, qui façonnent la vie aujourd’hui.

La platonicité

La platonicité est ce qui fait que nous on avons l’impression de comprendre plus de choses que ce qu’on comprend effectivement. Lorsque la différence entre ce que l’on croit savoir et ce que l’on sait effectivement est trop grande naissent les cygnes noirs. Malheureusement pour nous, le superficiel et le platonique émergent naturellement, car c’est un biais humain que de considérer davantage les choses superficielles et spectaculaires plutôt que les discrètes et abstraites.

Un modèle n’est représentatif de la situation que jusqu’à ce qu’une erreur soit découverte.

 

L’anti-bibliothèque d’Umberto Eco

En partant du principe qu’on devrait acheter autant de choses qu’on ne sait pas que de choses qu’on sait cela veut dire que plus on vieillit plus il y aura de choses qu’on ne sait pas. Donc dans notre bibliothèque virtuelle on aura d’autant plus de livres à lire. c’est le principe de l’anti-bibliothèque. Cette visualisation de l’anti-bibliothèque est une manière de rester humble sur tout ce qu’on ne connaît encore pas.
Notes personnelles : Cela permet de rester dans “la vallée de l’humilité” de l‘effet Duning Kruger.

Cygne noir et relations sociales

Il vaut mieux porter haut et fort ses convictions plutôt que de les cacher et d’en parler de manière superficielle. De cette manière on est vu comme quelqu’un qui a des valeurs plutôt que comme un mouton noir. En effet, si un jour, ces valeurs marginales du moment présent collent avec l’avenir, alors on sera vu comme un visionnaire resté cohérent avec lui-même.

Le principe du cygne noir s’applique pour relation humaine. On peut par exemple être humble, courtois, être bien en société et de temps en temps, laminer un ennemi simplement parce que cela va dans le sens de notre  conviction.

Comprendre l’histoire

L’histoire est opaque, et ce par 3 biais

  • On pense comprendre ce qui arrive alors qu’on fait non.
    • Au début de la Première Guerre mondiale, on pense aujourd’hui que tout le monde s’y attendait et voyait les tensions augmenter. Pourtant, lorsqu’on consulte les journaux intimes de personnes de l’époque, de journalistes, on se rend compte que personne n’y avait songé. Rétrospectivement, la Première Guerre mondiale était facile à prévoir, mais sur le moment personne ne l’avait vue venir.
  • La déformation rétrospective
    • Notre mémoire modifie nos souvenirs a posteriori. La mémoire n’est jamais réellement fidèle. Elle se réécrit sans cesse de sorte à faciliter notre compréhension de ce que nous avons vécu. De ce fait, notre souvenir est toujours sincère, mais falsifié.
  • Le fait d’apporter trop d’importance à ce que l’on sait
    • On ignore, par biais de confirmation ce qu’on ne sait pas ou ce avec quoi on n’est pas d’accord, ce qui nous expose davantage au risque. D’où l’intérêt de garder en tête l’image de l’anti-bibliothèque.

L’histoire ne rampe pas, n’est pas progressive. Elle saute, elle va de fracture en fracture.

Un journal intime est utile dans le sens où il ne fallait pas de réinterpréter une situation après l’avoir vécu, il permet de sélectionner objectivement les informations qui semblaient importantes sur le moment. On peut alors évaluer a posteriori si on était bien informé ou pas sur ce qui allait se produire.

Lorsqu’on fait partie de l’élite, on a tendance à surestimer ses connaissances pour évaluer un problème

La catégorisation est nécessaire à l’être humain, mais elle devient pathologique lorsque ces catégories deviennent définitives. La catégorisation conduit toujours à minimiser les détails.

Extrémistan et médiocristan

À la manière de Grant Cardone dans Be obsessed or be average, l’auteur sépare le monde en deux parties : l’extrémistan et le médiocristan.

Métier scalable ou métier non scalable ?

Les différences de la scalabilité des métiers peut-être vue comme la différence entre créateur et travailleur. Un créateur vend un produit qu’il façonne une fois. Le marché du créateur repose sur une économie de la pensée alors que le travailleur vend son travail, son temps. Dans ce cas-là, tout effort sera récompensé, mais comme le nombre d’heures dans la journée est limité il y aura un revenu plafonné.

Le scalable est une bonne façon de diviser le monde de la profession. Cependant, la constitution de ces deux groupes de profession n’est pas la même.

Les métiers non scalables, intégrés au médiocristan

Dans le cas des professions non scalables, dans chaque profession on gagne sensiblement la même chose pour le même taux horaire. Il y a de petits écarts entre les revenus de personnes exerçant la même profession, mais on reste sur les mêmes ordres de grandeur.
Par exemple : un médecin ne gagnera jamais 1000 fois plus qu’un autre médecin
“Tout travail mérite salaire” s’accorde bien à ces professions. On peut représenter la répartition de l’ensemble des professions non scalable comme pleins de ruisseaux de taille moyenne, qui, ensembles, forment un grand courant . C’est le médiocristan, l’univers où tout est moyen, dans la moyenne.

Un métier non scalable (boulanger, médecin) n’est pas soumis au cygne noir. En effet, on gagnera relativement la même somme d’argent sur la durée et pas des sommes d’argent énormes d’un seul coup. Le revenu est limité par le temps passé au travail et est davantage lié à la constance nos efforts plutôt qu’a la qualité de nos décisions.

Les métiers scalable, intégrés à l’extrémistan

Les professions scalables sont réparties différemment. En effet, pour une même profession, il peut y avoir d’énormes écarts de revenus pour un même travail fourni.
Par exemple : Un écrivain peut avoir écrit un livre d’héroïque fantaisie qui ne sera acheté qu’à 1000 exemplaires, la ou Tolkien aura généré des millions d’achats pour le même type de roman écrit et pour sensiblement le même temps investit sur l’écriture.
C’est la loi du “gagnant raffle tout”. On pourrait modéliser la répartition des professions non scalable comme une énorme population de nains (de nombreux professionnels qui n’ont pas percé et ont peu de revenus) avec quelques géants (ceux qui ont percé). Seules quelques personnes réussissent alors que tous fournissent pourtant beaucoup d’efforts. C’est l’extrémistan.

En extrémistant, un seul vainqueur (géant) et des centaines de challengers n’ayant pas percé (les nains).

L’extrémistan apparaît alors comme bien plus injuste que le médiocristan. Cependant il n’y a injustice que s’il y a succès sans une différence énorme de talent. C’est le cas dans le domaine artistique, mais pas dans des domaines comme la chirurgie (qui est un métier du médiocristan). Dans ce dernier cas, il y a bien une différence de revenu entre médecin et chirurgien, mais le talent n’est pas le même.

Les États-Unis ont axé leur économie sur la créativité. Ils ont ainsi une économie très scalable. Ils réalisent le design du produit et le font produire dans des pays qui s’accommodent d’un travail basé sur le taux horaire. De même toute la logistique est gérée par des pays du même acabit. Ainsi ils s’assurent des revenus irréguliers, mais démesurés là ou les autres pays préfères s’assurer un faible revenu régulier.

Lois et variables entre extrémistan et médiocristan.

  • Une loi régit le médiocristan : aucun évènement ne peut modifier le tout, car l’échantillon est assez large et trop dominé par des valeurs moyennes.
  • En extrémistan, c’est l’inverse : un seul phénomène observé peut avoir un impact sur le tout, car ses valeurs sont tellement absurdes et dans un ordre de grandeur différent du reste, qu’il modifie la valeur globale de l’échantillon.

La taille et le nombre de calories font partie du médiocristan. En effet on ne verra jamais un humain qui fait plusieurs centaines de kilomètres de haut. Cependant la richesse fait partie de l’extrémistan.

Incertitude en médiocristan ou en extrémistan

L’extrémistan produit des cygnes noirs et non le médiocristan. De ces deux environnements différents résultent deux hasards différents.

Dans le médiocristan, on a une incertitude qui baisse avec l’apport de donnée alors que dans l’extrémistan, on a une incertitude qui augmente avec l’apport de donnée, car plus de données impliquent qu’on a de plus grandes chances de faire face à un cygne noir.

Certains évènements inattendus et lourds de conséquences peuvent arriver dans le médiocristan. Ils peuvent parfois être considérés comme des cygnes noirs, mais sont quand même prédictibles. Ils ne sont des cygnes noirs que parce qu’on s’est mis des œilleres et qu’on a oublié qu’une chose était aléatoire.

Phénomène d’induction et parabole de la dinde

Le phénomène d’induction est le fait de croire que ce qui s’est passé va nous permettre de prévoir ce qu’il va arriver. Il peut être illustré par la parabole de la dinde.  Ce n’est pas parce que tout va bien pour le moment et depuis longtemps que tout ira bien après. Une dinde suppose que tout ira bien, car pendant 1000 jours, l’agriculteur l’a nourrie sans lui faire de mal. Elle ne se méfie donc pas, mais se fait tuer le 1001 jours, jour de thanksgiving.

Nous nous concentrons uniquement sur les problèmes qui sont déjà arrivés au cas où ils surviendraient de nouveau, mais nous omettons totalement ceux qui ne sont jamais arrivés. De ce fait, la méthode scientifique elle-même et remise en question, car celle-ci fonctionne de manière empirique et consolide ce qu’elle sait sur la base de ce qui s’est passé.

Il ne faut pas devenir sceptique pour autant. Le scepticisme nuit à la science et profite est la religion. En effet, l’hypothèse d’un cygne noir est rarement identifiable par la science, mais peut-être attribuée à Dieu. La solution est donc un astucieux mélange d’empirisme et de scepticisme.

Pour les choses importantes, il faut être sceptique et pour les autres, on peut être sûr qu’elles sont certaines et donc utiliser la méthode empirique, car douter tout le temps est trop fatigant.  Pour les premières on aura une méthode d’approche d’empirisme négatif, c’est-à-dire que ce sont les exemples négatifs qui permettent de se rapprocher de la vérité et non les confirmations.

Biais humains et cygnes noirs

Notre cécité face aux cygnes noirs est liée à des biais cognitifs liés à notre génétique.

  • Le biais de confirmation : nous essayons d’expliquer toutes les choses en nous focalisant sur les choses que nous savons.
  • L’erreur de narration : notre tendance à expliquer les phénomènes qui arrivent avec des histoires
  • Le problème de Diagoras ou biais du survivant : nous ne voyons pas l’entièreté de la situation lors d’un cygne noir.
  • Nous faisons comme si les cygnes noirs n’existaient pas. Notre focalisation sur les incertitudes (notamment définie par des courbes en cloche) nous fait négliger d’autres sources de problème qui viennent à l’esprit plus difficilement. En d’autres termes, les probabilités nous mettent des œillères.

Le biais de confirmation

C’est lorsque nous essayons d’expliquer toutes les choses en nous focalisant sur les choses que nous savons. Nous oublions l’anti-bibliothèque. Notre cerveau simplifie à l’extrême et surtout les idées abstraites. Ainsi deux phrases proches auront la même signification alors qu’un mot qui change peut changer intégralement le sens de la phrase.

La spécificité de domaine de nos réactions : C’est le fait que nous sommes capables d’être parfaitement objectifs dans une situation et pas du tout dans une autre alors que le problème est le même. C’est ce qui fait qu’on est incapable d’appliquer ce qu’on a appris en cours ou dans les livres à notre vie quotidienne. De ce fait, nous ne réagissons pas à une information pour ce qu’elle est, mais pour le contexte qui l’entoure.

Notre cerveau est sceptique pour certains sujets et pas du tout pour d’autres. C’est inscrit dans nos gènes.
Par exemple nous n’aurons aucun mal à deviner le caractère morphologique dominant d’une tribu en nous posant sur la couleur de peau et non sur le poids. En effet, si on voit un homme noir de peau, on se doute que le reste de sa famille aura la même couleur de peau. En revanche si un homme est obèse, on ne va pas forcément conclure que le reste de sa famille est obèse. Notre scepticisme ne s’applique pas à toutes les variables.

Cela biaise tout de même notre perception. C’est en bref notre destin que d’avoir ce défaut de perception.

L’erreur de narration

Les métaphores et les histoires sont plus puissantes que les idées, car elles sont plus faciles à retenir. C’est pour cette raison que l’auteur utilise la métaphore du cygne noir, pour mieux marquer notre esprit avec sa théorie. Une personne qui souhaite confirmer ses propos avec des anecdotes trouvera forcément des anecdotes et ce ne sont pas pour autant des preuves. Il faut donc rechercher les faits contradictoires à une théorie et non les faits validatoires puisqu’un seul fait contradictoire peut remettre en question l’intégralité de la théorie
Notes personnelles : voir Black Box Thinking

Une erreur profondément ancrée

Le fait de simplifier à outrance les choses est lié à notre biologie. Les études actuelles parlent de l’influence du cerveau gauche qui tend à simplifier alors que le cerveau droit se concentre sur les détails. De plus la dopamine aurait tendance à nous donner un sens de certitude dans des situations non justifié !

Enfin, notre éducation nous pousse à privilégier les histoires. Le système éducatif apprend aux étudiants à trouver des causes à tout et les humilie lorsqu’ils disent “je ne sais pas”.

Nous cherchons à simplifier les choses pour mieux les appréhender, car notre mémoire a du mal à retenir plusieurs choses à la fois. Pour contrer cela, nous cherchons des règles pour standardiser une grande quantité d’informations et la stocker plus facilement. Nous cherchons à catégoriser. On cherche un pattern qui se répète et facilite la compréhension de la situation. Par exemple tous les cygnes sont blancs. Ainsi on n’a pas a retenir les petites différences qui pourraient exister entre un cygne blanc et un oiseau noir lui ressemblant. C’est dans cette volonté de sursimplifier que naissent des certitudes injustifiées et c’est de la que viennent les cygnes noirs.

Nous avons tendance à privilégier les propositions qui possèdent des causes plutôt que les propositions uniquement factuelles, car une proposition nous paraît plus cohérente si elle s’inscrit dans une histoire. Cela nous fait par exemple contracter des assurances très spécifiques (assurance terrorisme) alors qu’une assurance globale aurait suffi.

C’est aussi pour ça que les statistiques nous toucheront moins que les histoires de particulier

Une mort est une tragédie, 1000000 morts sont une statistique. Staline

Le phénomène d’analepse

À une même situation, plusieurs “histoires” peuvent l’expliquer. Mais une seule situation est la cause des conséquences que l’on observe. L’analepse, c’est à dire, retrouver la situation d’origine en partant du résultat est extrêmement complexe. Il existe un nombre infini de processus pouvant mener au même résultat. Par exemple il est facile de déterminer la forme de la flaque que fera un glaçon qui fond, mais très dur de déterminer la forme initiale du glaçon en se basant sur la forme de la flaque. C’est à nous de la trouver en faisant des prévisions vérifiables.

Les deux systèmes de la pensée

Il existe 2 systèmes de pensée :

Système 1 : rapide, intuitif. Utilise les émotions. Sensible à la narration, au spectaculaire. Est censé être dû à la partie limbique du cerveau.

Système 2 : lent, calculateur, conscient. Dépends de la région corticale du cerveau.

Les erreurs surviennent lorsqu’on utilise le système 1 alors qu’on pense utiliser le système 2. Il faut utiliser l’expérimentation et non les histoires pour se faire des avis sur les choses. En revanche, les histoires peuvent être utilisées si on veut convaincre quelqu’un.

Nous sommes conçus pour être superficiels et ignorer les informations peu spectaculaires qui ne nous sautent pas directement à la figure. On se focalisera plus sur le tigre qui sort des fourrés que sur si le tigre et vrai ou faux. Nous nourrissons un mépris naturel pour l’abstrait.

Préférer le médiocristan ou l’extrémistan ?

Le monde favorise le médiocristan, car les professions de l’extrémistan qui ont des résultats irréguliers (chercheur, artistes) sont désignées comme des perdants alors qu’un jour viendra où leur travail paiera de manière exponentielle. Si on dépense du temps, on s’attend à avoir un retour au moins égal en réussite ou en revenu (relation linéaire) alors que c’est rarement le cas en extrémistan (relation non linéaire). Notre biologie favorise la gratification immédiate et régulière et donc les métiers du médiocristan.

Le processus importe plus que les résultats

L’absence de résultats apporte de l’humiliation une perte de respect que même les gens non matérialistes ressentent. Plusieurs petites bonnes nouvelles nous font un meilleur effet qu’une seule super bonne nouvelle. Notre cerveau est prédisposé à préférer des petits gains réguliers. Cela est lié à l’adaptation hédonique qui fait que, quels que soient nos accomplissements et intensités de plaisir ressentis, nous reviendrons toujours à un état de neutralité.

De la même manière, il vaut mieux un malheur en un coup plutôt que plein de petits malheurs sur une longue période. L’approche “saignée” c’est-à-dire plein de petites pertes, mais avec au final une rentrée de gain énorme au bout d’un moment peut être très bénéfique. Elle est juste difficile à tenir sur le long terme. Les pertes sont encaissées par notre hippocampe sous forme de “mauvais stress”. Cela atrophie notre hippocampe et peut même diminuer notre intellect. C’est donc à nous de gérer le risque, la saignée, pour qu’elle ne nous affecte pas trop physiquement et émotionnellement.

Persévérer dans la voie de l’extrémistan et de la scalabilité

De plus ce qui est dur à gérer c’est notre statut social, car nous sommes stressés par le fait d’échouer devant les autres. Une solution est de ne pas montrer qu’on échoue. Faire comme si tout allait bien et les gens la plupart du temps ne vous considéreront alors plus comme un looser.

Fake it until you make it

Vous pouvez alors réussir à maintenir le mode “saignée” en attendant votre cygne noir et en étant exposé à beaucoup de choses qui vous font perdre un peu de manière régulière (temps, argent), mais vous récompenseront si un évènement inattendu se produit.

Pour adopter ce style de pensée sans trop souffrir d’isolement, des communautés peuvent être utiles, car elles permettent de pratiquer notre manière de vivre différente en nous récompensant d’interactions sociales avec le reste de notre tribu. Ces tribus en marge de la société ont toujours évolué en décalage, créant des mouvements tels que le stoïcisme ou les hippies.
Notes personnelles : l’importance du tribalisme est détaillée dans “Votre empire dans un sac à dos” de Stan Leloup

Le problème de Diagoras

Il dit que lors d’un succès on ne voit que ceux qui ont réussi, mais pas tous ceux qui ont échoué et cela peut biaiser notre perception du succès.
Par exemple si lors d’un naufrage les survivants affirment avoir prié, on pourrait croire que prier sauve du naufrage. Mais on n’aura pas les témoignages des prieurs morts de noyade.

L’histoire est écrite par les vainqueurs

Ce problème de Diagoras est encore plus fréquent dans les situations de type extrémistan. En effet on ne voit que ceux qui ont réussi, mais on ignore tout le cimetière de ceux qui ont échoué. De ce fait, notre perception des choses est biaisée.
Par exemple on veut aujourd’hui éviter l’extinction des espèces, car on a l’impression que le rythme d’extinction est beaucoup plus rapide aujourd’hui qu’avant. Cependant on a estimé l’ancienne vitesse de disparition des espèces sur des fossiles. Or les fossiles que nous retrouvons aujourd’hui ne sont qu’une fraction de toutes les espèces ayant déjà existé sur terre. Donc les disparitions d’espèces devaient être bien plus nombreuses avant. Il n’y a donc pas de raison d’être moralement atteint par la disparition des espèces.

Philanthropie bidon

Ce qui est donné est pris ailleurs.
Par exemple pour un ouragan, les fonds de l’état alloué pour gérer les dégâts sont finalement une redirection de l’argent pour la recherche par exemple contre le cancer vers les victimes de l’ouragan. Les personnes atteintes du cancer que la recherche aurait pu sauver mourront donc indirectement. Les médias peuvent, grâce à ce problème de Diagoras, orienter la charité vers des causes qui en ont parfois moins besoin que d’autres. En effet on ne voit que les personnes sauvées par les politiciens, mais pas toutes les morts causées par la redirection des fonds.

Les biais du succès

On a tendance à inconsciemment négliger le risque d’une situation à laquelle on a survécu. Les survivants se croient indestructibles et donc ont du mal à rebondir lorsqu’ils se trouvent dans une situation périlleuse. En effet ils associent leurs qualités ou caractéristiques à la survie alors que cela peut être une question de chance et que toutes les situations de survie ne se ressemblent pas.

Nous avons hérité d’un goût pour la prise de risque non calculé. Nous sommes ceux qui ont survécu parmi tous ceux qui prennent des risques stupides. Cela revient à jouer à la roulette russe et à dire que c’est une bonne idée parce qu’on gagne et on empoche l’argent. Faut-il rejouer une deuxième fois pour autant ?

La prise de risque ne doit pas être bannie. Mais prendre un risque en se basant uniquement sur le résultat (souvent très gros) et sans avoir d’autres informations est inconcevable.

Une prise de risque irrationnel encouragée par les cygnes noirs

L’évolution est une succession de hasard parfois heureux, souvent malheureux et on ne voit que ceux qui restent pas tous ceux qui ont disparu. Le cygne noir est impitoyable avec l’évolution et peut réduire a néant des millions d’années de sélection.
Par exemple : Des espèces peu viables normalement (ayant exprimé des caractères très risqués, car ne correspondant pas à leur environnement ou y étant peu adaptés) peuvent se surdévelopper grâce à un cygne noir la ou des espèces ayant “pris peu de risque” en s’adaptant au mieux à leur environnement seraient balayées par le cygne noir (la météorite des dinosaures par exemple). Ce même raisonnement s’applique au monde économique en remplaçant les individus par des entreprises.

Il ne faut donc pas mettre sur un pied d’estale l’évolution et donc notre espèce qui a survécu à tout ça. Ce trop-plein d’optimisme est en fait dû à une ignorance du problème de Diagoras.

Ceux qui prennent des risques à court terme peuvent gagner sur le court terme, mais en général perdent ensuite, car ils sont victimes de ce trop-plein d’optimisme du survivant. Ils peuvent en revanche gagner sur le long terme grâce au cygne noir.

La croyance en Dieu due au problème de Diagoras ?

Certains seront tentés de croire que les chances sont beaucoup trop faibles pour que les conditions nécessaires (la vie, la terre, l’homme) à notre mode de vie actuel aient été réunies par hasard et diront qu’une force supérieure est intervenue. Mais, lorsqu’on observe un succès, parmi tous ceux qui ont essayé et lorsqu’il n’y a qu’un gagnant, on est toujours tenté de penser que les meilleures conditions possibles sont celles du gagnant. On ne voit pas que de meilleures conditions pourraient exister, mais qu’elles ont été éliminées dès le départ, parfois par malchance. En raisonnant ainsi, notre univers aurait sûrement pu être beaucoup mieux que ce que nous voyons aujourd’hui, mais comme nous sommes les seuls gagnants (connus) du tirage de la vie, nous idéalisons notre position et avons l’impression que nous nous trouvons dans des conditions parfaites, presque divines.
Notes personnelles : Cela s’oppose avec la vision de l’évolution de Ken Wilber dans Une brève histoire de tout.

De plus on est souvent tenté de penser que la réussite du gagnant est due à ses caractéristiques intrinsèques alors que cela peut juste être dû à la chance. On cherche des causes et on se perd dans l’erreur de narration.

S’extraire du problème de Diagoras

Pour s’extraire de ce biais (problème de Diagoras) il ne faut pas calculer les probabilités du point de vue du gagnant, mais en prenant en compte tous les participants qui faisaient partie de la cohorte initiale. Du point de vue du gagnant, il y a trop de gains successifs pour que cela soit juste dû au hasard. Du point de vue de la cohorte, les perdants sont éliminés et les gagnants persévèrent et seuls ceux qui ont des gains consécutifs sont sélectionnés au fur et à mesure.

Il faut cesser de vouloir trouver des causes à tout. Le problème de Diagoras tend à nous proposer des causes, mais dans la plupart des cas, c’est simplement le fruit du hasard. La survie n’implique pas forcément une cause qui nous est accessible. Il faut donc rester humble et plaider le hasard en disant “je ne sais pas”. Il faut n’utiliser les “parce que” que lorsqu’ils prennent leur origine dans une expérience, pas dans une histoire.

Pour vous éloigner des réactions bestiales, éloignez-vous de la narration. Entraînez votre sens critique plutôt que de coller à des récits d’autres !
Notes personnelles : C’est comme ça par exemple que l’auteur a développé sa théorie des cygnes noirs applicable, Eliott meunier “la pensée atomique” et Ken Wilber “l’approche intégrale”.

L’erreur ludique ou l’incertitude du polar

L’auteur désigne par polar toute personne qui a une vision trop fermée, qui ne sort pas du moule. C’est quelqu’un de trop scolaire qui ne se confronte pas assez au réel. En dehors d’une ouverture d’esprit, l’accumulation de diplôme peut fermer l’esprit, fragmenter la pensée.

L’incertitude ludique est l’incertitude calculable. Elle est présente dans les jeux ou en laboratoire où les règles sont bien définies, mais sont inexistantes dans la vraie vie. Cependant, les probabilités dans la vraie vie sont floues.

Des lois de probabilités sont couramment mises en place pour prévoir le futur en s’inspirant du passé. Cela s’ancre pourtant dans le phénomène d’induction vu précédemment. En effet, dans la vraie vie, il n’y a pas de règles préétablies. De nouvelles règles peuvent apparaître plus tard invalidant les modèles ou probabilités construits sur la base de règles qui semblaient avoir régi des évènements du passé. Le phénomène d’induction déclenche donc l’incertitude ludique et les polars sont les personnes se reposant aveuglément sur ces “règles” sans tenir compte que des choses complètement différentes, des cygnes noirs, peuvent venir bouleverser leurs modèles.

Autre biais humain : le phénomène d’ancrage

Le phénomène d’ancrage : c’est le fait de produire un chiffre (une probabilité le plus souvent) et de s’y raccrocher pour diminuer son incertitude. Le phénomène d’ancrage nous pousse à nous accrocher à des chiffres pour faire nos pronostiques. En combinaison avec l’incertitude ludique et le phénomène d’ancrage, il nous fait complètement ignorer les cygnes noirs et nous garantit une prévision erronée.

Partie II : les prévisions sont impossibles.

La race humaine sous-estime de façon chronique le fait que l’avenir prenne un autre chemin que celui qu’elle a prévu et s’y adapte très mal. Les gens ont tendance à faire des plages d’estimation beaucoup trop serrées. Nous avons tendance à sous-estimer les risques encore plus au médiocristan ou les évènements exceptionnels sont rares.

L’information ennemie de la connaissance

Des expériences ont montré que davantage d’informations n’amélioraient pas nos décisions, mais renforçaient notre confiance dans ces décisions. Un surplus d’information nous aveugle donc. Le fait d’avoir peu d’informations nous permet de prendre du recul sur celles-ci.

Plusieurs catégories d’expert

Il existe de vrais experts dans certaines professions seulement. Celles dans lesquelles les informations ne sont pas changeantes ou soumises à des nouveautés et, où l’empirisme de l’expert par la pratique, lui permet d’avoir un avantage sur le commun des mortels.

Dans ces experts, une autre catégorie peut être notée :

  • Les experts alliant compétence et arrogance
  • les costumes vides alliant arrogance et non-compétence.

Un expert est arrogant

L’arrogance est problématique chez les experts. Le problème des experts, c’est qu’ils ne savent pas ce qu’ils ne savent pas. Ils souffrent donc d’arrogance épistémique, c’est-à-dire que dans certaines situations, ils ne se rendront pas compte qu’ils ignorent plus de choses qu’il n’en savent. Ils auront donc moins de recul face à des situations comme le cygne noir.

Experts et regards des autres

Les experts de la prévision ont tendance à ignorer les faits pour se rapprocher du travail très scolaire de leurs collègues. Ils ne veulent pas passer pour des hulurberlus. Ils veulent continuer d’appartenir à leur tribu et souffrent comme chaque être humain du besoin de confirmation et souhaitent rester cohérents. S’ils se rendent compte que des faits vont à l’encontre de leurs hypothèses, ils auront tendance à ignorer ces faits par biais de confirmation. De ce fait, les experts dont la réputation n’est plus à faire sont en moyenne plus mauvais que les autres.

Pourquoi nous nous pensons meilleurs que les autres

Lors de réussite, nous invoquons notre compétence alors que lors d’un échec nous invoquons le caractère imprédictible des évènements, le hasard. Nous voyons cette asymétrie chez les autres, mais pas chez nous, ce qui nous fait nous sentir uniques. Nous nous sentons de ce fait plus compétents que les autres dans nos domaines privilégiés.

Difficulté de prévision

Nos gènes habitués à des groupes d’individu de 150 maximum (le nombre de Dunbar) font que nous anticipons assez bien les conflits de type raid (durée, quel camp a l’avantage, ressources qu’on peut acquérir par pillage), mais sommes très mauvais pour prédire l’évolution des conflits à grande échelle dont nous sous-estimons constamment la durée.
Par exemple : Les combattants de la Première Guerre mondiale pensaient régler le conflit en quelques mois.

Nous avons de la facilité à prévoir la durée de tâche routinière. Mais dès qu’il y a de l’imprévu, nous sous-estimons le temps de tâche. Or aujourd’hui, dans notre monde ultra-connecté, il y a de l’imprévu presque partout.

Les 3 erreurs les plus communes des prévisions :

  • Ne pas tenir compte du taux d’erreur (se baser uniquement sur les moyennes par exemple).
  • Un modèle est moins fiable si on s’éloigne de la période dans laquelle il a été élaboré, car de plus en plus de facteurs rentrent en compte.
  • Il vaut mieux tenir compte du pire scénario, car c’est celui le plus lourd de conséquences.

La sagesse selon certains c’est voir venir. Ça serait plutôt savoir qu’on ne peut pas voir venir.

Les comportements humains sont imprédictibles, car non uniquement soumis à la raison. De plus, en situation d’incertitude et donc de cygne noir, le comportement des gens est complètement irrationnel et chacun a sa manière de réagir.

 

Les découvertes sont imprévisibles et le fruit de la sérendipité

Ce sont souvent des gens qui ne cherchent pas de preuves qui les trouvent et n’en mesurent pas la portée. Beaucoup de grands scientifiques ont compris que leurs découvertes sont des solutions en attente de problèmes qui n’apparaîtront que plus tard (par exemple le laser). Ils s’exposent donc au maximum a la chance et aux découvertes fortuites pour faire de telles découvertes plutôt qu’essayer de résoudre uniquement des problèmes actuels.
Nous ne pouvons pas prédire pour la simple raison qu’il nous est impossible de prévoir ce qui existera plus tard. Par exemple au moyen âge qui aurait pu prévoir la machine à vapeur ? Internet ? L’invention du laser avait peu d’utilité à l’époque, mais est aujourd’hui cruciale.

Nous pensons à chaque fois que nous en sommes au fait suprême des connaissances, que nous avons presque tout découvert. Mais c’est oublier que nos ancêtres pensaient la même chose. Encore une fois, nous avons beaucoup de mal à voir nos propres défauts alors que nous les voyons très bien chez les autres (dans le cas présent, nos ancêtres).

Pourquoi faisons-nous des prévisions ?

Les prévisions nous permettent de tromper l’évolution. Nos hypothèses meurent à notre place dans notre imaginaire ou même dans la réalité. Ainsi nous n’avons pas besoin de les tester nous-mêmes et survivons même si nos hypothèses étaient fausses.

L’épistémocratie, un rêve

L’épistémologie est l’étude des connaissances. En pratique le hasard, ce sont des informations fondamentalement incomplètes, une non-connaissance. Montaigne était un épistémocrate stoïcien. C’est-à-dire qu’il doutait de ses propres connaissances et était en quête de réponses.

Nous avons tendance à surestimer le bonheur ou le malheur que certains objets vont nous apporter dans le futur et ne tirons pas de leçons des situations précédentes. Par exemple on pense à chaque fois que notre nouvelle voiture nous rendra heureux, mais on oublie qu’on croyait aussi ça de notre voiture actuelle lorsqu’on l’a achetée et que le bonheur était passé en quelques mois. C’est l’adaptation hédonique.

La solution à ce défaut de prédiction

La croyance selon laquelle la philosophie est la solution à ce défaut de perception est erronée, car nous ne sommes pas naturellement faits pour philosopher. Cela nous demande un effort trop intense (système de pensée 2). Nous ne sommes jamais impartiaux, nous avons toujours un peu de jugements dans chaque chose.

La solution est donc la suivante :

  • Accepter de faire des prévisions et d’avoir des opinions sur les choses non importantes, d’ordre secondaire. Ce sont les opinions qui font la vie.
  • Sur les choses qui ont un impact sur notre vie, ne pas se laisser berner. Essayer de douter ou au moins se sécuriser.

Pour se sécuriser, l’auteur propose un approche sécuritaire (90%) et une approche extrêmement risquée (10%). Mettre 90% de ses actifs dans des choses très sécurisées et jouer avec 10% avec un haut risque. Ainsi on adopte la stratégie du Renard que nous détaillerons plus tard, en mettant 10% sur beaucoup de cygnes noirs (positifs) potentiels.

 

Du médiocristan vers l’extrémistan et vice versa

L’effet Matthieu rend le monde asymétrique

Le monde passe de plus en plus du médiocristan vers l’extrémistan. Un effet qui accentue cet effet est l’effet Matthieu. Cet effet dit que ceux qui ont beaucoup auront toujours plus et à ceux qui n’ont rien il sera prit encore plus. Ainsi il vaut mieux travailler beaucoup tôt pour avoir beaucoup tôt et donc avoir encore plus plus tard pour se permettre de lever le pied.

En effet un avantage se répercute toute la vie, car nous vivons en extrémistan et donc c’est la loi du gagnant raffle tout.

Cet effet Matthieu engendre la loi de Pareto ou loi de 80/20. Elle s’applique à tout et on peut la résumer en : 20% des inputs produisent 80% des outputs.

Grâce à l’effet Matthieu, ceux avec un avantage le conservent alors que les perdants ont tendance à se réorienter ou à se démoraliser. On finit donc avec une répartition asymétrique. Les grandes villes attirent plus d’étrangers et deviennent encore plus grosses….

L’impact du cygne noir sur l’extrémistan

Malgré cet effet Matthieu, il arrive que des géants se fassent exterminer par des nouveaux venus (Yahoo par Google par exemple). À quoi cela est-il dû ? La chance.

S’il est vrai qu’en extrémistan personne n’est à l’abri de tombée, cela veut aussi dire que personne ne meurt vraiment. Les petits peuvent exister, quelle que soit leur taille. Ils patientent jusqu’au jour où ils pourront supplanter les géants ou alors emploient une stratégie de niche (contrairement à Google) et se satisfont d’une clientèle très restreinte. C’est la théorie de la longue traîne. Avec internet, il est possible de toucher très peu de personnes à plein d’endroits différents ce qui n’aurait pas été possible avant, car pas rentable.

Cette longue traîne réservée à internet est en train de se propager à d’autres milieux. Cette longue traîne fonctionne comme l’évolution et nous rend résilients.

Cependant, l’effet des cygnes noirs en extrémistan est aujourd’hui contré par des effets de réseau qui “sécurisent” les positions. Les crises sont ainsi moins nombreuses, mais lorsqu’elles arrivent, elles sont dévastatrices, car pas du tout prévues. Le réseau a donc tendance a augmenter l’impact des cygnes noirs même s’il diminue leur fréquence.

Extrémistan et société

Enfin le syndrome du “gagnant rafle tout” nuit a la société dans son ensemble, car les personnes qui reçoivent les honneurs vivent en général plus longtemps que les autres. Comme en extrémistan, seul un nombre très limité de gens profite des honneurs, beaucoup de gens meurent plus tôt qu’ils ne le devraient. La seule manière de s’extraire de cela est d’avoir des lois permettant de se rapprocher du médiocristan. Mais certaines inégalités telles que l’impact intellectuel ne sont pas atteignables par des lois.

L’inutilité des statistiques pour lutter contre les cygnes noirs

La courbe en cloche cette grande escroquerie intellectuelle

Les courbes de Gauss et autres techniques statistiques (loi des grands nombres, de poisson, régression) ne sont applicables que sur les variables de type médiocristan. Dans les autres cas, elles sont inutiles, car elles tiennent les évènements atypiques comme négligeables. La méthode gaussienne apporte des certitudes qui nous font ignorer le danger et donc nous rendent plus exposés aux cygnes noirs.

Ainsi la moyenne, l’écart-type (la moyenne des écarts a la moyenne), la variance (le carré de l’ecartype) ne sont applicables que si l’échantillon suit des variables médiocres.

Nous enseignons donc des méthodes marchant dans le médiocristan alors que nous avons besoin de les appliquera l’extrémistan. Beaucoup de gens sont d’accord sur ce point en théorie, mais ne le mettent pas en pratique dans leur vie. Comme nous l’avons vu précédemment, cela est dû à la spécificité de domaine de nos réactions. C’est le fait qu’on est capable d’être parfaitement objectif dans une situation et pas du tout dans une autre alors que le problème est le même. De ce fait, notre réaction ne dépend pas d’une information pour ce qu’elle est, mais pour le contexte qui l’entoure.

La géométrie Mandelbrossienne, la géométrie de la nature

La fractalité est la répétition à des échelles différentes de forme géométrique. Ainsi, le complexe ressemble à l’élémentaire. Exemple : les poumons

Le hasard fractal, c’est à dire prévoir certaines situations en s’inspirant d’autres situations présentes à différentes échelles, devrait être choisi comme méthode d’approximation par défaut, car il permet d’évoquer une possibilité de cygne noir en regardant ce qui a pu se produire au niveau macro ou au niveau micro.

Selon l’auteur, d’autres outils statistiques, tels que la «distribution de la loi de puissance» et les “points critiques”, permettent beaucoup mieux de modéliser de nombreux phénomènes importants même s’ils se heurtent à des problèmes d’imprécisions.
Notes personnelles : je dois avouer avoir mal compris ce point

On appelle cygne gris un évènement avec de grands effets, mais modélisable ou auquel on peut s’attendre alors que le cygne noir est l’imprédictible imprévu. Le hasard fractal permet donc de domestiquer certains cygnes noirs en cygnes gris.

Profiter des cygnes noirs

Investir dans la préparation plutôt que dans la prévision

Ne pas essayer de prédire certains cygnes noirs, car on a tendance à encore plus investir dans ceux-ci. Comme on l’a vu avant, la richesse de l’information nous fait perdre notre recul sur nos décisions. De plus et il faut garder à l’esprit que nous avons beaucoup de mal à prévoir.

On peut atténuer le caractère inattendu des cygnes noirs en étant éveillé à leur survenue et donc en étant ouvert d’esprit et cultivé sur plein d’aspects.

Soyez asymétrique

Le monde est divisé en renard et en hérisson.

Le hérisson n’a qu’une seule idée en tête : Il parie sur la survenue d’un seul cygne noir sur lequel repose toute sa stratégie. À l’inverse, le renard est ouvert d’esprit. Il sait qu’un cygne noir peut influencer le monde, mais il ne sait pas lequel donc il reste ouvert à plein de possibilités. Soyez un renard.

2 types de cygnes noirs

Il existe deux types de cygnes noirs, les positifs et les négatifs. Il faut réussir à se concentrer sur les positifs, ceux qui s’ils marchent peuvent nous faire gagner gros et éviter les situations où un cygne noir peut nous faire tout perdre.

  • Les cygnes noir positif ne sont pas des tickets de loterie. En effet ils sont scalables donc leurs gains sont potentiellement illimités et ils sont imprédictibles, n’obéissent pas a des règles prédéfinies comme le loto.
  • Les cygnes noirs négatifs se font sentir beaucoup plus vite que les cygnes noirs positifs, car il est beaucoup plus facile de détruire que de construire

Allocation et exposition

Il faut choisir de se mettre dans des situations asymétriques. Ou il y a beaucoup plus d’effet favorable que défavorable. C’est-à-dire 90% en sécuritaire avec peu d’expositions aux cygnes noirs négatifs et 10% très exposés à tout un tas de cygnes noirs positifs.

Saisissez n’importe quelle occasion ou tout ce qui y ressemble.

  • Pour profiter d’un cygne noir il faut être exposé à leurs potentialités. Donc si un grand manitou de n’importe quel domaine vous propose quelque chose, laissez tomber tous vos autres engagements pour vous concentrer sur celui-ci.
  • Accumuler ces cygnes noirs positifs au maximum. Plutôt que de vous épuiser dans des boulots de tâcherons, passez votre temps à rechercher ces cygnes noirs positifs.
  • Vivre dans de grandes villes augmente vos chances de faire des rencontres et donc maximise votre sérendipité.
  • Maximisez vos rencontres, mais ne faites pas confiance aux entreprises. En effet elles ne montrent pas tout et ne cherchent que la rentabilité sur le court terme.

Se connaître soi-même

Il est difficile d’estimer la probabilité qu’un évènement se produise.. En revanche il est bien plus facile d’estimer les effets qu’aura un évènement sur nous s’il se produit. C’est le principe du pari de Pascal : si Dieu existe, j’ai plus à gagner à être croyant qu’être athée. Et s’il n’existe pas, rien ne change. Mais cela implique que Dieu soit naïf, car il serait prêt à croire que j’ai foi en lui alors que je suis juste rationnel et opportuniste.

En résumé, je ne pourrai jamais prédire l’inconnu, mais je peux anticiper la manière de laquelle il va m’affecter pour en tirer un maximum d’avantages.

S’attendre au cygne noir en analysant correctement les situations : 

  • Il y a des choses pour lesquelles il faut être sceptique et d’autres où on peut être sûr qu’elles sont certaines donc pour lesquelles on pourra utiliser une méthode empirique. Pour les premières, on aura une méthode d’approche d’empirisme négatif, c’est-à-dire que ce sont les exemples négatifs qui permettent de se rapprocher de la vérité et non les confirmations.
  • À une même situation, plusieurs “histoires” peuvent l’expliquer. Mais une seule situation est la cause des conséquences que l’on observe. C’est à nous de la trouver en faisant des prévisions vérifiables.
  • Utiliser la théorie fractale pour simuler à l’aide des niveaux micro ou macro ce qui pourrait se passer à un autre niveau.
  • Ce qui nous détourne des choses importantes augmente le risque de cygne noir, car détourne notre attention. Notre capacité d’attention est limitée. Concentrez-vous alors sur les choses importantes et ne prêtez pas attention au superficiel sous peine de ne pas voir venir un cygne noir ou d’y être mal préparé.

Ce qui pourrait mal se passer

Le point noir du capitalisme, c’est que lorsque les entreprises sont en compétition, c’est parfois la plus exposée au cygne noir négatif qui sera la plus susceptible de survivre.

3 causes pour lesquelles nous ne comprenons pas ce qui se passe :

  • Notre arrogance épistémique (liée au phénomène d’induction) et notre cécité vis-à-vis du futur
  • Les réductions (notamment par catégorisation) que nous faisons surtout dans les domaines où il n’existe pas d’expert. C’est la platonicité.
  • L’utilisation d’outils qui ignorent les cygnes noirs et qui sont à l’origine de l’incertitude ludique.

Quelques remarques supplémentaires

  • La spécificité de contexte nous empêche d’appliquer nos connaissances à d’autres domaines. De passer de la théorie à la pratique
  • Passer du temps avec des gens dont la curiosité est limitée à des sujets convenus est suffocant.
  • Il faut aller des problèmes aux livres, pas l’inverse. C’est la stratégie bottom up qui s’oppose aux polars. Le but n’est pas de tout lire, de tout savoir. Non, l’objectif est de partir de problématiques, de thèmes, d’enjeux contemporains et d’aller puiser dans les textes pour améliorer notre compréhension du problème.
  • Nous nous autoaveuglons avec la science. Nous ne croyons plus à l’infaillibilité du pape, mais nous croyons a celle du prix Nobel alors que c’est juste un homme.

Conclusion

Il faut être prudent avec les cygnes noirs négatifs, avec ce qui ne relève pas l’attention, avec le non spectaculaire. Se méfier des valeurs “sures” sur lesquelles on a beaucoup misé et qui peuvent nous faire très mal si elles ne le sont plus, si un cygne noir négatif surgit.

Il faut être offensif avec le risque, le spectaculaire, car les dangers sont déjà connus. Aller à fond dans le danger, mais avec des sommes (enjeu) restreintes, car vous êtes conscient du risque. Être enjoué par un cygne noir positif, qui peut nous rapporter très gros.

En résumé, il faut aimer les cygnes noirs positifs la moitié du temps, et détester les cygnes noirs négatifs l’autre moitié du temps.

Avoir une approche stoïque sur sa vie est la meilleure manière de la gérer. Il faut se concentrer sur le contrôle et cela passe par le contrôle de son temps.

Il faut s’extraire des attentes des autres et mener une vie hors des sentiers battus pour ne plus avoir affaire à la pression extérieure, ne plus avoir peur de manquer son train.